LES HUILES ESSENTIELLES ET LA DISTILLATION

Les huiles essentielles

Une huile essentielle est définie par les normes AFNOR NY 75-006 et ISO 9235
L'huile essentielle est un produit volatil aromatique végétal complexe qui peut être extrait de la plante à l'aide de trois techniques différentes; La distillation à la vapeur d'eau, l'expression à froid, et la pyrogénation.


1) La distillation à la vapeur d'eau à l'aide d'un alambic.

Les plantes sont placées dans une cuve que de la vapeur d'eau traverse entraînant avec elle certains principes aromatiques contenus dans les plantes. La vapeur est ensuite refroidie dans un serpentin plongé dans de l'eau froide et dans lequel elle redevient liquide en se séparant en deux phases: l'une aqueuse, composée d'eau et de principes végétaux solubles, appelée eau florale ou hydrolat, et l'autre, composée de molécules insolubles dans l'eau, l'huile essentielle. 

Ces deux phases sont séparées par différence de gravité dans un vase florentin, ou séparateur, ou essencier. La majorité des huiles essentielles sont plus légères que l'eau et leur récolte se fait en haut de l'essencier. D'autres, comme le girofle et la cannelle, sont plus lourdes que l'eau et sont récoltées au fond de l'essencier dont la forme est adaptée. Pour certaines huiles comme la cannelle écorce on doit installer des essenciers en cascade pour récolter les phases lourdes et légères et les associer ensuite pour obtenir le totum.

La partie aqueuse chargée de principes aromatiques est appelée hydrolat ou eau florale. Dans le passé étaient connues : l'eau de bleuet, utilisée comme un collyre, l'eau de rose, pour les soins de beauté et l'eau de fleur d'oranger pour l'aromatisation en pâtisserie et pour les soins des bébés. C'est la première odeur florale de la vie des bébés car pratiquement tous les produits pédiatriques (poudre de talc, crèmes adoucissantes etc sont parfumées à la fleur d'oranger amer (Néroli). 
Suite à un loi de 1985 qui interdisait la vente au détail de certaines huiles essentielles comme la sauge officinale ou l'hysope (remarquable dans les problèmes de l'asthme) et l'armoise, j'ai commencé à étudier avec succès, l'impact des hydrolats de ces huiles essentielles interdites. J'ai donc produit de nombreuses variétés d'hydrolats comme le fenouil, la sarriette, le thym, le girofle la sauge etc... pour la médecine humaine et vétérinaire et notamment pour soigner les abeilles parasitées par le varroa.

À cette époque nous ne disposions pas des matériels de filtration actuels et mes hydrolats, sans conservateur, se remplissaient assez rapidement de filaments (champignons) qui interdisaient leur consommation et j'ai abandonné mais si on est capable de produire des hydrolats frais c'est une thérapeutique géniale avec laquelle j'ai soigné de nombreuses personnes et en particulier les bébés.


2) Par expression à froid de l'épicarpe des agrumes.

Lorsque l'on presse une écorce d'orange au dessus de la flamme d'une bougie, une gerbe d'étincelles se produit, c'est de l'huile essentielle... Lors de l'opération de pressage des agrumes pour la commercialisation des jus, les zestes sont récupérés et pressés dans l'eau (sinon l'huile essentielle s'évaporerait immédiatement).
L'huile essentielle est récupérée aussi par séparation physique par différence de gravité. On peut dire que l'huile essentielle des agrumes est un sous produit de l'expression du jus de fruit ce qui rend son prix attractif.


3) Par distillation sèche ou pyrogénation.

C'est la  fabrication du charbon de bois à partir de genévrier cade (juniperus oxycedrus) dans des fours à l'abri de l'air qui offre un sous produit appelé huile de cade largement utilisé en soins vétérinaires et pour les soins des cheveux dans le passé mais relativement dangereux à cause de la présence de benzopyrènes (goudrons carcinogènes) lors d'utilisation prolongée. 
Dans les pays de l'Est c'est le bouleau qui est utilisé pour la fabrication du charbon de bois et sa cuisson offre une huile essentielle très riche en salycilate de méthyle tout comme la gaulthérie. L'huile essentielle de bouleau, très noire et épaisse, est redistillée pour supprimer les benzopyrènes toxiques. Il faut savoir que d'autres bois sont aussi utilisés pour la fabrication du charbon de bois et qui contiennent des ressources malheureusement inexploitées. L'eucalyptus par exemple qui est utilisé à Madagascar pour la fabrication du charbon de bois est une manne extraordinaire qui repousse à partir des souches des arbres coupés. Son rendement traditionnel est très faible (en moyenne 8 à 12 kg de charbon de bois pour 100kg de bois alors que bien fait on peut arriver à 25kg de rendement avec des techniques plus élaborées, ce qui cause un déficit considérable au niveau des forêts. De plus si on considère que 75% de la matière première disparait on constate un gâchis environnemental catastrophique. Dans 100kg d'eucalyptus on pourrait récolter 6kg d'acide acétique qui sert à la conservation des légumes, et un % important de gaz (méthane en l'occurrence) et des goudrons utiles pour la protection des bois de charpente par exemple.

Il existe d'autres produits aromatiques dans ce métier, extraits à l'alcool, macérations huileuses, concrètes, absolus, extrait CO2 supercritique, résinoïdes, oléorésines (vanille) mais qui ne s'appellent pas huiles essentielles. 

Dans le métier on désigne couramment les huiles essentielles en parlant d'essence parce que le mot se prononce plus facilement mais il n'y a pas de distinction. Certains ont voulu différencier les huiles distillées des huiles produites à froid en les appelant essences mais la norme n'accepte pas ce distinguo. 

À la rigueur on pourrait parler d'essence lorsque les molécules sont encore dans la plante car on y note la présence d'hémiterpènes, molécule à 5 atomes de carbone que l'on ne retrouve pas dans les produits distillés ou exprimés..c'est une éventualité.

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